samedi 4 juillet 2015

"Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies"

Ce doit être un peu trop "pas comme il faut"., alors je préfère le mettre sur ce blog ci.

Mt 8, 17.

Mathieu utilise ces versets du prophète Isaïe (serviteur souffrant rédempteur) pour conclure par cette citation ce que Jésus vient de faire à Capharnaüm.

Oserai je dire que je ne suis pas d'accord, du moins dans une première lecture.

Quand Jésus guérit que ce soit la belle-mère de Pierre, il ne devient pas malade à la place de cette femme, il déloge la fièvre, il la met dehors et la fièvre la quitte. Je veux dire que Jésus d'une manière générale expulse ce qui rend malade, que ce soit une infirmité physique ou un démon. On pourrait dire qu'il y a peut être un combat, un corps à corps, mais en aucun cas Jésus n'est pris par la maladie, contaminé par les mauvais esprit.

Quand il stoppe la tempête, il la menace, et elle lui obéit. Il y a en lui cette force qui est la Puissance du Père qui demeure en Lui.

C'est par cette force qui est en lui, et qu'il nomme quand il il guérit la femme hémorroïdes, est capable (il se rend compte qu'une force est sortie de lui) de dominer le malheur qui accable l'homme, mais il n'est pas atteint.

Il ne porte donc pas nos souffrance, il ne porte pas nos maladies, il nous en guérit en nous en débarrassant.*

Quand Jésus arrive au terme de sa vie, ce ne sont pas nos blessures qui l'atteignent, ce sont les coups de fouets, ce sont les clous, c'est la croix. Il porte sa souffrance, il porte ses blessures, il est confronté lui l'homme innocent à nos malheur et il en meurt.

C'est peut être cela l'important un homme qui est vrai homme et vrai Dieu qui fasse l'expérience de la souffrance, l'expérience de la douleur, l'expérience de l'abandon, l'expérience de l'injustice, l'expérience du pas mérité.

Et en cela, il est l'innocent qui est mis à mort injustement. Mais qui passe par la mort comme nous tous.

Seulement lui, la mort n'a pas de pouvoir sur lui, il passe par là pour devenir le Vivant, et sa mort nous permet à nous qui sommes des dolents, des souffrants, des malades (on peut dire des pécheurs), de devenir des vivants avec Lui et avec nos frères, ceux qui acceptent de se laisser nourrir par lui, ceux qui acceptent de se laisser conduire par lui, ceux qui acceptent de voir le monde avec ses yeux à Lui.

Par sa mort, consécutives à sa condamnation Jésus donne la vie.

Que mes douleurs me permettent parfois de mieux comprendre ce que lui a vécu dans sa vie d'homme, qu'elles me permettent une certaine identification avec Lui, qu'elles permettent aux parties mortes en moi de prendre un autre sens, oui, mais je ne pense pas que Jésus ait pris sur lui les blessures de l'humanité pour nous réconcilier avec son Père.

Certes le poème du serviteur souffrant permet de comprendre que celui qui est condamné injustement, celui dont on se moque et que l'on imagine être un grand pécheur (car s'il ne l'était pas Dieu n'aurait pas permis ça), devient par sa soumission (son obéissance) son amour de celui qui lui a demandé de lui faire totalement confiance, le représentant de l'homme nouveau, de l'homme divinisé.

Je peux certes dire que les souffrances de Jésus, souffrances qu'il n'a pas méritées, me permette aujourd'hui de rentrer dans ce qu'on appelle la vie éternelle, qui est une vie où l'amour essaye de contrebalancer le mal.

Certes je peux dire que le Mal donc ma complicité avec celui ci et ma fraternité avec tous les humains qui peuplent ma planète (et cela est vrai dans le temps et dans l'espace) ont permis que cette mort ait eu lieu un jour du temps et que cette  mort permet une autre alliance avec le Dieu créateur, je peux le dire et le reconnaitre, je peux dire merci, je peux louer le dieu Un, mais je n'ai toujours pas envie de dire que Jésus porte mes maladies et mes blessures. Il me permet d'en guérir car aujourd'hui comme par le passé, avec la force de l'Esprit qui est signe de sa présence, les blessures (et qui n'en n'a pas), les maladies, les possessions peuvent être prises par sa main et être mises dehors.

Voilà en quoi consiste en moi la guérison, ce n'est pas que quelqu'un soit malade à ma place, que je le contamine avec ma maladie, mais qu'il puisse avec moi, prendre ce qui ne rend malade à bras le corps et le mettre dehors.

* je sais bien que la théologie est basée sur la désobéissance de l'homme qui par son péché (orgueil, opposition) se détourne de Dieu qui par contre coup du fait de sa puissance peut le détruire (sauf que l'homme y arrive très bien tout seul). Et que la maladie, les possessions, les douleurs sont conséquences de cette rupture d'alliance, et que tous les hommes étant condamnés, seuls l'obéissance d'un seul pouvait les rétablie dans leur filiation. Cela je le sais, mais peut être faut il accepter aussi que nous ne savons pas grand chose de Dieu, nous n'en savons que ce que Jésus nous a montré de Lui au travers de sa vie à Lui. Donc je n'oublie pas cela, mais j'ai envie de voir autrement et de sortir du dolorisme et la culpabilisation.