dimanche 16 mars 2014

Folie...

Souvent le dimanche, quand je vais au Prieuré je passe un peu de temps à l'oratoire. C'est un lieu dépouillé, il y a une grande croix avec le Christ de Saint Damiano, celui qui a parlé à François d'Assise. Quand je contemple cette icône, j'ai l'impression que Jésus (qui d'ailleurs ne porte pas la couronne d'épines) est à la fois sur la croix et pas sur la croix. Qu'il est déjà dans cet ailleurs de la résurrection où il veut nous emmener. Acte dans le temps, la crucifixion, mais acte hors du temps, mais acte qui se prolonge.



Là où j'ai un peu de mal c'est avec le visage, car je ne sais pas trop où il regarde et qui il regarde. là encore, Il est là et il n'est plus làC. 

Ce qui est étonnant c'est que l'oeil et la pupille font un tout. 

Il faut dire aussi qu'il y a dans l'oratoire un grande boule en verre à l'intérieure de la quelle se trouve une petite boule noire qui contient une hostie, présence réelle). Sue la boule de verre le soleil se réfléchit et cela m'a permis de prendre une photo car je trouvais cela si beau, ce soleil qui faisait un peu penser à la transfiguration.

On voit bien le soleil qui se réfléchit ainsi que la lumière. On devine la bible qui est posée sur le sol. 

j'ai regardé ce tache lumineuse un petit bout de temps, puis je suis revenue à l'icône.Et là, il s'est passé quelque chose, c'est peut être pour cela que je parle de folie, mais ce que j'ai vu, je l'ai vu, même si le soleil m'avait un peu éblouie. j'ai vu que du sang coulait du pied gauche, cela faisait des gouttes , un peu comme ces gouttes qui tombent sur une vitre un jour de pluie. Ces goutes, elles me disaient que oui, du sang a été versé une fois dans le temps, mais que là encore cela confinait hors de temps. 

Comme je savais que lors de l'intervention chirurgicale que je devais subir, je perdrai beaucoup de sang, c'est un peu comme si ce sang me faisait un signe: son sang et le mien, et ce n'était que le pied gauche qui saignait (ma jambe gauche). 

Ce que j'ai ressenti c'est cette immense compassion de Fils pour mous, compassion qui perdure à chaque instant, dans le temps et hors du temps. 

Voilà pour la première folie. 

La seconde, je dirai qu'elle n'est pas de mon fait. Je suis allée voir le frère Benoît qui m'accompagne dans mon chemin de découverte de la Présence. Je lui ai demandé de me bénir et il a posé ses mains sur cette hanche qui allait être opérée, sur mon coeur, sur mon front et à chaque fois il a prononcé des mots que j'ai oubliés, mais qui étaient comme enveloppants et sécurisants; 

Ensuite il y a eu l'intervention, j'ai donc une prothèse de hanche et du sang il y en eu. Il y en a eu dans le redon (cette bouteille sous vide qui permet de draîner le sang qui est dans la plaie) et surtout il y en a eu, quand je suis rentrée chez moi et cela ce n'était pas prévu. Alors je me demandé si ce sang que j'avais vu couler goutte à goutte un peu comme des larmes, ce n'était pas quelque chose d'un peu prophétique, un don: ça va saigner chez toi. Comme je l'ai dit un peut être un peu fou, mais si c'était un signe, alors cela veut dire aussi que ce qui m'arrive n'est pas n'importe quoi, que ce peut avoir du sens, même si pour le moment je peste. 

Quant à la troisième folie, elle risque de ne pas plaire parce que je me permets de faire ce que j'ai toujours eu envie de faire: prendre le corps du Christ entre mes mains et le contempler là.. 

Je veux dire que lorsque je reçois la custode qui contient l'hostie, c'est pour moi un grand plaisir simplement de la savoir là, à côté de moi, simplement là. Quand je le décide, cette custode je la prends dans mes mains, je l'enferme dans mes mains, et il m'arrive de la poser sur les parties de mon corps qui sont malades, que ce soit ma jambe, mais aussi ma tête, je veux dire mes pensées. Je ne sais pas si ma foi est importante, mais simplement je sais que la guérison est possible si je la demande. 

Il y a ensuite ce temps où je peux prendre l'hostie dans la main, la regarder, la contempler, ne pas être obligée de la porter rapidement dans ma bouche et cela c'est un temps si précieux, un temps où oui, je tiens son corps entre mes mains, mes mains de laïc, mes mains non consacrées, mais j'aime ce temps où j'ai du temps. Il m'arrive aussi de la regarder dans la lumière avant de la poser dans ma bouche et là encore de prendre le temps. Je n'aime pas trop parler de "fusion" mais pour moi à ce moment là, parce que je ne suis pas pressée, parce que j'ai pris le temps comme je le sentais, comme j'en avis envie, il y a la réalité de devenir la demeure et de savoir que ce pain là, est un pain source. 

Le Psaume 104, parle de deux pains (versets 14-15) le pain qui est tiré de la terre comme le vin et l'huile, et le pain qui réjouit le coeur de l'homme, et je pense que ce pain que je reçois, c'est bien le pain qui me fortifie. 

Alors je dois dire que ce temps peut être pas très catholique, puisque je me mets dans une position pas très humble, est pour moi un temps de joie. 

Que j'aimerai que ce temps de communion dans les églises puisse devenir un temps où chacun aurait le temps de contempler celui qui le nourrit, celui qui fait briller son visage, celui qui est, qui était et qui vient.

J'espère juste que cette folie très intime n'est pas choquante pour mes amis lecteurs.