mardi 15 octobre 2013

"Je te bénis père d'avoir caché cela aux sages et aux savants" Luc 10, 21

Petites réflexions...

Je voudrais revenir sur ce texte qui pour moi a été comme on dit un texte fondateur.

J'étais responsable d'amphi (chimie) au Centre Richelieu et chaque équipe se réunissait toutes les semaines pour prier autour d'un texte d'évangile. Il y avait l'aumônier et nous. On disait juste ce que à quoi ce texte nous avait penser, il n'y avait pas de méthode. C'était un échange qui permettait aussi à l'équipe de prendre corps.

Or durant la semaine qui précédait, ce texte s'était si je peux dire mis à chanter pour moi. Le mot "Père" avait fait accroche, uniquement ce mot là et Dieu était devenu pour moi non pas "mon" père, parce que j'en avais un et pas mal de comptes à régler avec lui, mais réellement le Père de Jésus et entre Jésus et moi c'était quand même une longue histoire d'amour. Cela avait une véritable de Joie.

C'est plus ou moins à partir de ce moment là que j'ai commencé à laisser faire les mots en moi, à comprendre que certains pouvaient m'entraîner très loin, me mettre réellement en présence du Divin. Du moins c'est comme cela que je l'exprimerai aujourd'hui. Un mot qui s'incarne, parfois des images, parfois l'intellect qui s'en mêle mais qui permet de faire des ponts, des liens et la Paix. Et cela prend sens.

Cette découverte du Dieu "Père" de Jésus, mais aussi "Père de nous" a été motrice pendant des années. Et puis je me suis rendue compte que je butais sur ce mot, que je ne pouvais plus l'employer (et à cette époque je faisais du catéchisme, donc cela me mettait dans une position difficile), qu'il m'avait conduit à quelque chose de mort, de ritualisé dont je ne voulais plus. Il faut dire aussi que les célébrations liturgiques me sortaient pas les trous des yeux, que c'était d'un ennui énorme...

Alors, j'ai choisi de quitter une image d'un Dieu qui était devenu mortifère, je dirai même que sous cette représentation il y avait le Dieu ogre dont parle Marie Balmary.

Il y a eu une longue zone sans rien, du moins sans pratique, mais une zone d'étude (on ne fait des études de psychologie pour rien), jusqu'à ce que petit à petit, dans mon travail se fasse la découverte qu'il y a en l'humain quelque chose de plus, quelque chose qui était une force, quelque chose qui était l'Amour.

Après il y a eu la lente, très lente redécouverte d'un christianisme qui parfois me donnait envie de hurler.. Mais si l'Esprit était là, comme je l'ai dit ailleurs, j'étais incapable de retrouver la relation pourtant si intime que j'avais pu avoir avec Jésus, quant au Dieu Père, n'en parlons pas.

Puis Jésus est redevenu si je puis dire tridimensionnel (il faut dire que ces hosties qui vous collent dans la bouche, qui ont un gout de médicament, nous vous permettent pas de gouter quoique ce soit), mais Dieu, Père, ouille.

Récemment un texte (parce que j'ai toujours fonctionné avec les écrits) a permis le déclic et avoir un Père qui est Dieu et qu'il est possible d'appeler "papa", c'est un cadeau, mais à utiliser avec modération.

Et là ce texte a été donné par la liturgie. Il m'a procuré de la Joie, car il me renvoyait à mon histoire. Aujourd'hui le mot qui fait corps pour moi est "il exulta" et ce texte devient pour moi un texte trinitaire, avec ce mouvement d'exultation où tout l'être est pris et conduit par le divin pour parler finalement  à un Dieu qui n'est plus un Dieu qui juge, qui détruit, mais un Dieu Père. Cette exultation il m'arrive de la vivre, alors elle est parlante. Elle permet de sortir de soi de se décentrer, de s'ouvrir, de laisser faire aussi.

Ce Dieu là, parce qu'on sait au plus profond de soi qu'il aime, alors on peut demander pardon si on se rend compte à quel point l'aveuglement peut parfois faire obstacle.  Mais ce dont je suis sure c'est que ce n'est pas la miséricorde qui permet de faire l'expérience de Dieu quand on ne le connait pas, mais l'expérience de l'Amour. ensuite tout devient possible.